Année 2004

Publié le : 04 octobre 20173 mins de lecture

Retour sur la villa et la nécropole des Crassés

Entre temps, l’ampleur des découvertes de l’archéologie préventive en France a conduit l’Etat à transformer l’Afan en un institut national : l’Inrap. Et bien que la villa gallo-romaine soit connue sur la parcelle des Crassés, un promoteur souhaite y réaliser un projet immobilier. Mais le diagnostic que réalise alors l’Inrap montre l’ampleur des vestiges qu’il reste à fouiller : les bâtiments de la villa gallo-romaine s’étendent sur toute la partie basse du terrain, et le reste est couvert de sépultures du Moyen Âge ! Avec la découverte des trois tombes franques juste à côté, ces vestiges prennent aussi un tout autre sens : pourquoi ces chefs habitent-ils ici, si près de l’ancienne villa gallo-romaine ? N’y aurait-il pas un lien entre eux ? Le projet immobilier est abandonné…

« je ne m’attendais pas du tout à découvrir autant de sépultures »

Le diagnostic archéologique dont j’ai eu la responsabilité aux Crassés en octobre 2004 est un des plus éprouvants que j’ai fait. Je le savais à l’avance, car la fouille de Louis Lepage sur cette parcelle est très connue. A mon arrivée, j’ai constaté la forte pente du terrain, que le propriétaire, en plus, n’avait pas fait défricher. De jeunes arbres, et d’autres déjà vieux de plus de dix ans, occupaient toute la surface. J’ai eu beaucoup de mal à m’y retrouver dans cette brousse, et le chauffeur de la pelleteuse aussi.

Si je savais que j’allais mettre au jour la suite de la villa, je ne m’attendais pas du tout à découvrir autant de sépultures de la nécropole médiévale, et encore moins des vestiges de l’âge du Bronze, bien plus anciens encore ! J’aurais été incapable de traiter toutes ces données si deux collègues n’étaient pas venus en renfort, dont Marie-Cécile Truc, qui avait dirigé la fouille des trois sépultures mérovingiennes de La Tuilerie deux ans auparavant. Au final, je suis sorti épuisé de ces trois jours de diagnostic, et je n’ai pas vraiment eu l’énergie de profiter de mon anniversaire, que j’aurais dû célébrer le soir du deuxième jour. Je me souviendrais longtemps de mes 32 ans dans ma chambre de l’hôtel Picardy de Saint-Dizier !

Raphaël Durost,  Archéologue  de l’INRAP

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